Publicité
Exclusif

EXCLUSIF - Le télétravail a beaucoup reculé malgré la persistance du coronavirus

Un sondage Yougov montre que la proportion de télétravailleurs est tombée de 27 % à 15 % des personnes en emploi suite au déconfinement en France, bien plus vite qu'au Royaume-Uni. Les personnes à risques ne sont pas plus susceptibles d'être en télétravail que la moyenne des sondés.

Le recul du télétravail suite au déconfinement a été plus rapide en France qu'au Royaume-Uni.
Le recul du télétravail suite au déconfinement a été plus rapide en France qu'au Royaume-Uni. (iStock)

Par Solveig Godeluck

Publié le 26 août 2020 à 07:00Mis à jour le 26 août 2020 à 08:56

Sommes-nous au début d'une révolution du télétravail, ou l'année Covid n'aura-t-elle été qu'une parenthèse en entreprise ? Le télétravail a en tout cas considérablement reculé en France, et ce malgré la persistance du risque épidémique. C'est ce que montre un sondage réalisé par Yougov pour la société Cardiosens début août, auprès de 4.000 personnes en France et autant au Royaume-Uni, étude dont « Les Echos » publient les résultats en exclusivité.

Parmi les personnes en situation d'emploi, c'est-à-dire ni au chômage, ni en études, ni à la retraite, et ayant continué à travailler pendant le confinement, 27 % se sont retrouvées en télétravail pendant le confinement. Mais trois mois plus tard, seuls 15 % l'étaient encore.

Publicité

Une chute importante, à mettre en regard de la situation au Royaume-Uni. Outre-Manche, il y a eu une plus forte proportion de télétravail parmi les actifs ayant continué à travailler, à la fois pendant le confinement (35 %) puis début août (29 %). De plus, le retour aux vieilles habitudes de travail sur site a été plus marqué en France, où les cas de télétravail ont chuté de 44 % en trois mois, alors qu'ils ne baissaient que de 18 % au Royaume-Uni. La chute a été encore plus brutale à Paris, où la part de télétravail est tombée de 45 % à 22 %, et dans la région francilienne, de 39 % à 14 %.

Santé publique France a pourtant commencé à alerter dès la fin juillet sur l'augmentation des contaminations. Toutefois, le sondage a été réalisé juste avant que la ministre du Travail, Elisabeth Borne, n'évoque dans le « JDD » le port du masque obligatoire en entreprise , en appelant à « mettre en place le télétravail chaque fois que c'est possible dans les zones de circulation active du virus ».

L'impasse de la rentrée

« La baisse s'explique par la conjonction de deux facteurs », analyse Mathias Matallah, président-fondateur du cabinet Medecine4I, et partenaire français de Yougov. Les trois quarts des personnes déjà en télétravail y ont mis fin avec le déconfinement. « Dans le même temps, les personnes sorties du chômage partiel ne sont passées au télétravail qu'à hauteur de 11 % au niveau national et de 20 % en Ile-de-France », souligne-t-il.

Le gouvernement va selon lui se retrouver à la rentrée « dans une impasse redoutable » : « Il avait visiblement calibré la gestion du trafic dans les transports en commun et le remplissage des tours de bureaux de La Défense sur un taux de recours au télétravail de 50 % au moins. On est très loin du compte », pointe-t-il.

Pas de cadeau pour les salariés fragiles

Pourquoi un tel écart avec la situation britannique ? Le poids du secteur financier outre-Manche, avec 2 millions d'emplois contre 650.000 dans l'Hexagone, peut jouer un rôle : ce sont des métiers qu'on peut aisément exercer à distance. « Le télétravail dépend de considérations bien davantage liées au niveau de qualification du salarié ou au type de structure dans lequel il travaille qu'à son état de santé personnel et à la nécessité d'éviter au maximum les interactions sociales », explique Damien Philippot, consultant pour Medecine4I.

A contrario, les salariés vulnérables face à la maladie n'ont pas été particulièrement dispensés de se rendre sur leur lieu de travail durant le pic épidémique. Certes, les travailleurs estimant appartenir à une population « à risque » ont été moins présents sur site (17 %, contre une moyenne de 23 % pour l'ensemble des salariés). Mais les facteurs de risque objectifs n'ont pas forcément été pris en compte. En effet, 24 % des salariés obèses avec un indice de masse corporelle supérieur à 30 ont dû se rendre au travail sur place pendant le confinement.

Le pourcentage était à peine inférieur (22 %) pour les salariés en affection longue durée (diabète, cancer, etc.). Mais c'est sur la durée que ce statut protégé fait la différence, puisque début août, cette catégorie de malades chroniques est passée à 27 % en télétravail, contre 15 % en moyenne nationale, quand le confinement a pris fin.

Solveig Godeluck

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

qfkr8v3-O.jpg

La baisse de la natalité est-elle vraiment un problème ?

Publicité